Pâques
Nous attendions ensembles, assis autour d'un vide
Avec au fond du cœur un souvenir aride
Une vision sournoise où la crucifixion
Offrait place à la haine au lieu de compassion
En ces temps reculés, nos peurs irrationnelles
Ne trouvaient en écho que la vision charnelle
D'un homme et son silence, un souffle, une impatience
L'étreinte originelle, offrant sa transparence
Je crois qu'aucun malheur, qu'aucune tragédie
N'eut jamais goût amer autant qu'en cette Vie
L'amour et la lumière, voilés par l'atmosphère
Nous tenaient suspendus, bien seuls dans l'Univers
Nos poings étaient serrés, nos yeux à peine ouverts
Lacérant l'unité, lâchant quelques éclairs,
L'opacité du monde, aux regrets élevés
Fondait en hécatombe aux pieds des monts souillés
Une colère sombre, un murmure inconnu
Un chant, une prière, hurlement incongru
Dans cette dimension, l'espace palissait
On inhumait l'amour, dans un tombeau secret
Trois jours avait-il dit, nous étions bien trop las
Traumatisés, blessés, un parfum de trépas
Enveloppait nos âmes, il s'était endormi
Dans un dernier sursaut, simplement, sans un cri
Notre sœur souriait, tandis que nous pleurions
Son cœur semblait léger, pour nous en compassion
Elle portait la Joie, la grâce féminine
Au centre de l'arène, elle en était divine
Entre elle et nous, LA FOI, tout revenait à ça
Aimer cette illusion en suivant notre voie
Le message divin la portait en puissance
Tandis que nous doutions, elle était sa conscience
Il avait triomphé et nous avions chuté
Elle avait avancé ses pas sans reculer
Ainsi en était-il de la compréhension
Qu'en est-il maintenant, de la résurrection
L'esprit est revenu et avec lui l'espoir
Les hommes d'aujourd'hui ont trouvé l'encensoir
Ceux d'hier l'ont cherché, sans doute trop "ailleurs"
Lui qui se trouvait là, dans leur temple intérieur
Nous festoierons à Pâques et nous la fêterons
La douce re-naissance et nous en oublierons
Combien sur son passage, un souffle d'infini
Précipite nos pas en dehors de la Vie
© Anita Le Sant